Les films Barbie vendent-ils une réalité illusoire ou offrent-ils la possibilité de croire en la force du féminin ? Barbie apprentie princesse recentre un discours souvent perçu comme éloigné de l’émancipation : celui où être une femme, et croire en sa féminité, n’est pas un obstacle à l’indépendance mais un véritable pilier d’appropriation de soi.


Blair, dans Barbie : apprentie princesse, est toujours gentille, agréable et serviable. Elle tente de gagner dignement sa vie malgré les nombreuses responsabilités familiales qui pèsent sur ses épaules. Elle fait front, avec le sourire, gardant l’espoir malgré les épreuves. Un jour, son destin change : sa petite sœur l’inscrit à un concours permettant d’intégrer une école de princesses. Surprise, Blair décide de saisir cette opportunité pour offrir une vie meilleure à elle et à sa famille.
Mais ici, il ne sera pas tant question de ce rêve mais de ce que représente cette narration : une forme d’indépendance par l’éducation, à travers des cours de bonnes manières, qui ont pour but non pas de formater, mais d’aider ces jeunes filles à acquérir une estime profonde d’elles-mêmes. Ce raffinement, souvent jugé superficiel, est en réalité une manière subtile d’enseigner le respect de soi, condition essentielle pour construire une personnalité solide, complète, capable d’assurer sa propre sécurité émotionnelle et matérielle.
Blair, lorsqu’elle arrive à l’école, est discrète, presque effacée. Elle se replie sur elle-même face à l’adversité. Mais les cours dispensés par Mlle Privet ne vont pas seulement lui apprendre à se tenir correctement. Ils vont façonner une conscience nouvelle d’elle-même, une vision plus claire de ce qu’elle mérite, de ce qu’elle vaut. Peu à peu, elle s’impose non pas en se transformant pour plaire, mais en se tenant avec droiture, en adoptant une posture qui affirme l’amour et le respect de soi. C’est sans doute pour cette raison, consciente ou non, que tant de jeunes filles restent attachées à ce film. Ce n’est pas simplement le rêve de devenir une princesse qui les touche, mais bien ce que cela incarne : la possibilité d’exister avec noblesse, dignité et puissance douce.
Blair devient plus frontale, fuit moins l’adversité. Elle apprend à y faire face, non pas par orgueil, mais parce que l’enseignement reçu a nourri la conscience de sa valeur par l’éducation, la discipline, mais aussi une féminité assumée et soignée, qui reflète l’investissement en soi. Ce film, souvent réduit à une fantaisie enfantine, porte en réalité un archétype féminin alternatif, dans lequel la féminité devient une posture de puissance, un langage pour affirmer sa valeur, un outil de discernement pour reconnaître les dynamiques désavantageuses même lorsqu’elles se présentent sous un emballage séduisant.
Car le respect et l’amour de soi sont des armes contre les violences invisibles, contre ces situations où l’on tolère l’inacceptable en échange d’un rêve, d’une promesse ou d’une sécurité illusoire. Une femme qui s’apprécie réellement ne choisira jamais une voie qui renie sa valeur profonde. Elle ne se limitera pas à une vision étriquée d’elle-même, ni à une carrière ou une relation qui exige qu’elle abandonne l’amour de soi. Ce film, loin d’être anodin, enseigne aux filles que leur féminité loin d’être une faiblesse peut être une force, une protection, une clef d’élévation. Dans un monde façonné par et pour des structures masculines, où les femmes doivent sans cesse renoncer à une part d’elles-mêmes pour exister, cette posture est révolutionnaire.
Dans cette société où être une femme implique presque inévitablement de faire l’expérience d’une forme de violence, c’est en embrassant un véritable respect de soi que l’on parvient à déchiffrer les dynamiques les plus sournoises, celles des violences silencieuses, dissimulées derrière des apparences séduisantes.
On aime opposer féminité et féminisme. Pourtant, et si repenser la féminité cette posture longtemps réduite, méprisée, jugée superficielle était l’un des actes féministes les plus puissants ?
Et si votre plus grande force, celle capable de résister, de s’élever, et de transformer, résidait précisément dans votre féminité ?


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