La légitimité intellectuelle, souvent réservée aux hommes, peut devenir un outil de violence insidieuse : celle du mépris. Derrière des critiques qui se veulent objectives, se cache un système qui disqualifie tout ce qui échappe à ses codes.



La légitimité intellectuelle d’un homme lui permet d’engager un raisonnement permettant de garantir un mépris et réduction d’une force qui lui est inconnue ou tout simplement qui lui échappe. Et c’est littéralement ce qu’a décidé de faire James Elroy quand il décide d’utiliser sa posture et son statut écrivain respecté afin de mépriser et insulter une femme dont le talent et le magnétisme a su transcendé des décennies et établir un impact sociale parfois plus profond et durable que certains hommes politiques.
Marylin Monroe est une femme qui a su hérigé un empire et un symbole d’une féminité voluptueuse et sexy, une vision sociale de la femme très peu accepté et prédominante dans la perception validé et encadré des femmes à une époque ou la majorité d’entre elles loin du monde Holywood avait à peine le droit d’exprimer leurs réels envies.
Marilyn Monroe a su construire une carrière d’actrice en partant de tout en bas sans famille, ni capital financier ou social. Mais très vite elle a compris que le physique était un langage, elle a compris que la manière de se tenir, de parler ou tout simplement d’exister dans une pièce quand on est une femme peut changer la perception que les gens ont de nous.
Cette lecture des dynamiques sociales silencieuses est une arme invisible mais imparable notamment dans le domaine du cinéma tourné autour de la perception et du visuel dans lequel elle rêvait de faire partie. Alors elle a travaillé sur elle-même un travail intérieur et extérieur , pas à pas, afin de révéler la version la plus magnétique et hypnotique de sa personne. Et ceci c’est la capacité à comprendre et neutraliser la façon dont l’environnement dans lequel on veut évoluer s’articule et puiser dans les strates du système profondément patriarcale à ses propres fins. Elle n’a pas simplement travailler sa personne, son physique mais elle a enclenché un processus de développement personnel afin de s’ériger exactement dans les sphères qui lui ont toujours fait rêver.
Cela semble totalement superficielle en réalité le processus n’est d’abord pas scientifique et ne suit pas un raisonnement linéaire tel est un objet analysé hors du temps et de l’espace. C’est la capacité à se connaître, travailler sur soi et conduire un cheminement et une construction personnel qui allie compétences ( atouts professionnels) et qualités ( atouts humains).
Lorsque James Ellroy vient affirmer qu’elle était fade médiocre et superficielle sans l’avoir connue de prime abord. Il ne vient pas simplement critiquer une femme ayant réussit et établit sa richesse sur la base de connaissances et qualités venant de domaine moins scientifique ou jugée moins sérieux au regard des codes dominants. Il vient renier l’idée d’un quelconque raisonnement intellectuel dans le parcours et les œuvres de Marilyn Monroe. Ainsi il garantit l’idée que son physique n’était pas simplement une expression identitaire de son être mais simplement un moyen d’être socialement validé comme étant désirable. Elle devient alors un archétype féminin ayant pour but de plaire au regard masculin.
Ce que révèle Ellroy, c’est une méfiance viscérale face à l’hyperféminité. Lorsqu’elle ne cherche pas à être validée par le monde intellectuel masculin, cette hyperféminité est jugée suspecte, vide, manipulatrice. Dans certaines cultures intellectuelles dominées par des hommes, il est impensable qu’un langage “frivole” le maquillage, le glamour, la séduction puisse produire un impact profond.
Ce rejet dépasse le plan esthétique. Il est politique : il refuse que des formes de puissance symbolique, douce, performative, puissent exister en dehors des codes traditionnels de domination ou d’autorité.
C’est une manière assez fine de réduire la capacité d’une femme qui a réussi à tant impacter socialement comme si son physique n’était pas déjà l’expression d’un rayonnement et une capacité ferme à exprimer par la féminité et l’esthétique une part fondamental de son identité avec une stratégie bien plus douce mais bien puissante.
Marilyn Monroe a compris que contrôler la perception de soi était un pouvoir mais aussi un moyen d’affirmer une part unique de qui nous sommes. Et de cette manière elle a rayonné alors lui elle s’est brûlé les ailes, oui elle a souffert, a été utilisé par les hommes parce que forcément quand une femme veut exprimer autant de rayonnement dans un monde pensé et bâti par les hommes alors oui le système doit trouver un moyen de puiser dans ce rayonnement surtout si il permet de générer et amasser de l’argent. Et ça Marilyn Monroe a su le faire juste en existant, pourrait-on dire mais en réalité…. non.
En ayant une connaissance parfaite de soi et un contrôle absolu de son être dans les différentes espaces sociaux, c’est une stratégie établie sur une analyse sociale extrêmement fine mais puissante des dynamiques et codes sociaux tout en affirmant sa propre signature. Et si votre plus grande force résidait dans votre féminité ? Ca Marilyn Monroe l’avait bien compris.


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